dimanche 4 août 2013

Le Jour de la chouette de Leonardo Sciascia

très bien - 187 pages
  • Editeur : Flammarion (7 janvier 1993)
  • Collection : Garnier Flammarion / Littérature étrangère
" La mafia est une association criminelle ayant pour fin l'enrichissement de ses membres, qui se pose en intermédiaire parasite, et s'impose par la violence, entre la propriété et le travail, la production et la consommation, le citoyen et l'Etat... J'ai cherché à comprendre ce qui faisait que quelqu'un était mafioso.
C'est le sens de mon livre et, tout compte fait, je crois que c'est un bon livre, même si je le déteste...
Je suis un instituteur qui s'est mis à écrire des livres... J'ai toujours aimé écrire. Quand j'étais enfant j'aimais les cahiers, les plumes, les crayons, l'encre. Peut-être même que je la buvais...
Je cherche à m'exprimer le plus clairement possible pour toucher le plus de lecteurs possible... Dans Le Jour de la chouette je crois m'être assez bien servi de la technique du roman policier. Beaucoup de gens ont lu ce livre. C'est mon livre le plus lu... "

lecture de juillet 2013
un livre intéressant !

L’inspecteur Bellodi est en charge du meurtre d'un petit entrepreneur, assassiné alors qu'il essayait de prendre le car sur la place du village. Beaucoup de gens étaient présents, mais la loi du silence est respectée. Le pourquoi et le comment n'a que peut d'importance, le qui, personne ne l'ignore, mais se tait, on trouvera bien un coupable pratique, que cela convienne ou pas à l'inspecteur.

Une petite ville de Sicile, au matin. Une rue calme et qui n'a l'air de rien. Et brusquement, tirés on ne sait d'où, deux coups de feu. Un homme tombe. Aussitôt les témoins, cependant nombreux, s'éparpillent. Personne n'a rien vu. C'est le silence...
Le capitaine Bellodi, officier de carabiniers, originaire du nord de l'Italie, va s'efforcer de faire éclater ce silence. C'est un homme qui croit aux valeurs d'une société démocratique moderne à l'encontre de l'immobilité de tout un monde de vieux intérêts fortement établis. Patiemment, minutieusement, il brise les réticences, cherche à se faire livrer des noms ; il ruse pour disloquer, si peu que ce soit, le réseau serré des complicités, pour découvrir enfin, derrière quelques comparses, les chefs de la Mafia. La Mafia? Mais est-ce que cela existe ? Les témoins, les suspects, ouvrent à ce nom de grands yeux étonnés. Pourtant, en même temps que le capitaine mène son enquête, on voit, sur un autre plan, naître et grandir toutes sortes d'influences, plus ou moins secrètes, plus ou moins puissantes, qui, patiemment reconstituent la toile endommagée par Bellodi et sapent peu à peu les résultats de son enquête.

très bien mais un peu court... C'est presque un polar, mais tient plus de l'essai, sur la Sicile, la mafia, l'omerta, et les politiques au pouvoir.


Comme son maître Pirandello, Sciascia venait de la Sicile du soufre. Et la Sicile, écrivait-il, est une métaphore de l'Italie. Au cour de cette métaphore campe Ricalmuto, bourgade de la province d'Agrigente où il est né dans une famille modeste. C'est là que, lecteur insatiable, il se donne pour maîtres les grands écrivains siciliens, mais aussi Courier, les penseurs des Lumières et son cher Stendhal. 

C'est là qu'il revient toujours pour parfaire une ouvre - essais, romans, pièces de théâtre -, inaugurée avec Les paroisses de Regalpetra, un roman issu en 1956 de son expérience d'instituteur dans sa petite ville natale. La vie quotidienne des ouvriers, le fonctionnement de la société, désignent très vite les deux grands exploiteurs de la Sicile: l'Eglise et la mafia. 

Regalpetra, c'est aussi un dialecte savoureux, une trace irréductible qui imprègne son style et une certaine tonalité de la lumière qui éclaire son inspiration. Ce premier livre, disait-il, contient les thèmes diversement traités par la suite : "Tous mes livres en font un seul, un livre sur la Sicile, qui touche les points sensibles du passé et du présent, et qui vient s'articuler comme l'histoire d'une continuelle défaite de la raison." 

Avec Le jour de la chouette Sciascia inaugure un genre littéraire: l'enquête policière, qu'il utilisa avec bonheur dans de nombreux romans comme Le contexte (Cadavres exquis au cinéma),Todo modo, Une histoire simple. Détournée de sa vocation première, l'énigme devient prétexte à dénoncer les tabous les plus sensibles. 

Sciascia excelle dans l'analyse politique contemporaine et toutefois ne cesse de fouiller les archives en quête d'épisodes du passé susceptibles d'éclairer la réalité sicilienne. Enquête-essai, le célèbre Conseil d'Egypte, dont l'action se situe à Palerme en 1785, dénonce une triple imposture, celle des faussaires, celle des privilèges nobiliaires et celle de la justice des Bourbons. Au théâtre, sous prétexte d'un événement historique, La controverse liparitaine, dédicacée à Dubcek, évoque les remous qui agitaient alors le parti communiste. 

Ses critiques les plus sévères reconnaissent que Sciascia fut un essayiste hors du commun. Il faut lire La corde folle, recueil d'essais destinés à cerner la notion de "sicilitude". On comprendra que son île était vraiment le point d'ancrage à partir duquel il pouvait observer les aberrations du monde. 

Sciascia est un moraliste qui ne porte pas de jugement, il témoigne. Mais il n'est pas qu'un témoin. Que ce soit dans ses enquêtes ou son théâtre, il interroge l'histoire et l'actualité avec le même souci de la littérature. Si sa recherche nourrit son plaisir d'écrire, sa volupté, il exige de la littérature qu'elle s'approche au plus près de la vérité.-l'express
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 Les œuvres complètes de Leonardo Sciascia (trois volumes) sont publiées en français par les éditions Fayard.
  • À chaque jour suffit sa peine (1949)
  • Fables de la dictature (1950)
  • Pirandello et la Sicile (1953)
  • Les paroisses de Regalpetra (1956)
  • Oncles de Sicile (1959), première version
  • Les oncles de Sicile (1960)
  • Il giorno della Civetta (1961). Le jour de la chouette
  • Le conseil d'Égypte (1963
  • Mort de l'inquisiteur (1964)
  • À chacun son dû (1966)
  • La Controverse liparitaine (1969)
  • Le cliquet de la folie (1970)
  • Le Contexte (1971)
  • La Mer couleur de vin (1973)
  • Todo Modo (1974)
  • La disparition de Majorana (1975)
  • Les poignardeurs (1976)
  • Candide ou Un rêve fait en Sicile (1977)
  • L'affaire Moro (1978)
  • Noir sur noir (1979)
  • Du côté des infidèles (1980)
  • Le Théâtre de la mémoire (1981)
  • Mots croisés (1983)
  • Petites chroniques (1985)
  • La Sorcière et le Capitaine (1986)
  • Œil de chèvre (1986)
  • 1912 + 1 ; Portes ouvertes (1987)
  • Le chevalier et la mort (1988)
  • Heures d'Espagne (1989)


La Mafia fait la loi (en italien : Il giorno della civetta) est un film italien sur la Mafia réalisé par Damiano Damiani en 1968, inspiré du roman éponyme de Leonardo Sciascia.
Ce film a été récompensé d'une nomination en vue de l'Ours d'or des Berlinales en 1968.

Sicile1961. L'officier Bellodi, des Carabiniers doit mener une enquête sur le meurtre de Salvatore Colasberna, un chef d'entreprise d'architecture assassiné pour avoir refusé de confier un chantier à une entreprise protégée par la mafia. 

Le meurtre s'est produit près de l'habitation de Rosa Nicolosi, de son mari et de leur petite fille. Le capitaine Bellodi parvient à arracher à Rosa l'aveu que son mari lui a confié avoir vu le long de la route, le jour du crime, un certain "Zecchinetta", nom qui est confirmé par un informateur de la police, "Parrinieddu". 

Entre temps, le boss local de la mafia, Don Mariano Arena, cherche à déguiser le meurtre de Colasberna en crime passionnel, et fait remonter les pistes vers Nicolosi : il tué le chef d'entreprise en tant qu'amant de sa femme. 

Le capitaine ne croit pas à cette version, et cherche le corps de Nicolosi, qu'il pense avoir été tué en tant que témoin gênant ; de corps, il ne trouvera que celui de "Parrinieddu", tué parce que compromis. L'enquête aboutit à l'arrestation de Don Mariano, mais grâce à ses accointances politiques, il est libéré et Bellodi est transféré.



 
   

 
DrapeauDrapeau de Sicile Italie - Sicile

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